Le Docteur Jean Sempé, premier adjoint au Maire, propose lors de la séance du conseil municipal du 3 juin 1908 de créer un lieu de spectacles en plein air à la Cité :
« Admirable décor qui s’approprie magnifiquement à des spectacles de ce genre. Nous sommes persuadés qu’une tragédie représentée dans cette enceinte, serait susceptible de produire un effet grandiose et d’attirer à Carcassonne un grand nombre de spectateurs, ce qui constituerait, d’autre part, au point de vue pratique, une notable source de bénéfices pour les commerçants de la Ville».
L’endroit idéal existait : l’emplacement de l’ancien cloître de Saint-Nazaire. Débarrassé de ses ronces, on construit rapidement un théâtre de fortune.
Un spectacle est programmé pour le 26 juillet 1908 : la tragédie choisie pour être présentée aux Carcassonnais sera « La Fille de Rolland » d’Henri de Bornier et sera jouée par les artistes de la Comédie- Française. Une foule importante franchit les ponts sur l’Aude et telle une armée, investit la Cité, elle déferle comme une gigantesque vague sur le théâtre qui est rapidement submergé ; les chaises sont prises d’assaut, non sans quelques bousculades. Le début de la tragédie est perturbé par les protestations des spectateurs qui de leurs chaises ne voient pas la scène, il s’ensuit un grand chahut provoqué par le déplacement de ceux-ci, qui, mécontents, gagnent les lieux surélevés tels que les escaliers, les chemins de ronde et les créneaux.
Encouragés par ce succès, les organisateurs envisagent de revoir l’implantation du théâtre afin que tous les spectateurs puissent bien voir de leur place les pièces jouées sur scène. En 1909, le projet est confié à l’architecte Léon Vassas qui présente peu après les plans du nouveau théâtre. Le sous-secrétaire d’Etat aux Beaux-Arts, après une visite à Carcassonne, donne le 8 avril 1909 l’autorisation de construire le théâtre conformément aux plans de l’architecte. Le théâtre « antique » est conçu pour permettre d’y jouer tour à tour la tragédie, l’opéra et le drame lyrique. Les fêtes du Bimillénaire de la Cité se déroulèrent du 15 au 29 juillet 1928 en présence du président de la République, Gaston Doumergue, et furent l’occasion de présenter aux visiteurs et aux Carcassonnais un riche programme artistique : pièces de théâtre, ballets, poésies, expositions, foires, bals, illumination et embrasement de la Cité. A cette époque, la fréquence des représentations est de deux ou trois seulement par an.
La seconde guerre mondiale interrompt à nouveau l’activité du Théâtre Antique qui reprendra à la fin des hostilités sous différentes directions artistiques. La nomination de Jean Deschamps en 1957 permet la création du célèbre Festival de la Cité. Au cours des années qui suivent, de nombreux spectacles ; tragédies, comédies, ballets, grandes oeuvres lyriques, variétés sont donnés dans ce site unique. Le théâtre fut modifié en 1972.
Chaque année, pendant tout le mois de juillet, un public, toujours plus important et connaisseur apprécie ce festival dont la notoriété ne cesse de grandir. En hommage à l’action de Jean Deschamps, le Grand Théâtre de la Cité a pris le nom de «théâtre Jean Deschamps» le 15 juillet 2006.